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◊ Designer graphique & artiste visuel ◊
mon travail mixe design & art,
bizarre & tout-venant ,
 normal & incongru ↓

◊ Graphic designer & visual artist ◊

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Du monde clos à l’univers infini :
l’art combinatoire de Laurence Broydé 

Jérôme Carrié

Graphiste de formation et ancien membre du collectif d’artistes ALaPlage, Laurence Broydé construit une œuvre singulière au croisement de divers médiums d’expression. Du graphisme à l’installation, du dessin à la sculpture, l’artiste mène des recherches artistiques différenciées et en même temps complémentaires. A la manière d’un hypertexte, l’art de Laurence Broydé compose un univers plastique dans lequel les couleurs, les formes et les matières sont utilisées avec une grande acuité. Ce qui frappe dans la trajectoire de Laurence Broydé, c’est indéniablement son sens de la composition, son utilisation extrêmement précise de la couleur, la plasticité et l’organicité des composants plastiques de ses œuvres.
Si nous prenons plaisir à appréhender ses images et ses objets, Laurence Broydé nous invite également à réfléchir à la définition de l’œuvre d’art en lui attribuant des fonctions divergentes ou contradictoires. Entre art, design et artisanat, son œuvre oscille sans cesse entre différentes polarités. Artiste-caméléon, Laurence Broydé transforme tout ce qu’elle touche en art. 

Dans les dessins que Laurence Broydé réalise en atelier, l’artiste crée des espèces d’espaces, pour reprendre les mots de Georges Perec, jouant sur les effets de perspectives et de planéité, de paysage et d’abstraction, de fluidité et de géométrie. Ces dessins sont le lieu d’une genèse de son travail dans lequel l’artiste laisse surgir son imaginaire débridé. L’artiste décline ses dessins en sérigraphie sur divers supports. Ce report du dessin à la technique de la sérigraphie offre à l’artiste la possibilité de réinterpréter son dessin initial par un travail de synthèse des formes et d’aplanissement de la couleur. Au-delà de ce passage du dessin unique vers le multiple imprimé, il me semble que cette pratique du dessin sur papier incarne un espace expérimental et ontologique dans lequel se déploient ses esthétiques et ses formalismes. 

Dans le secret de son atelier, Laurence Broydé développe un travail à la lisière de la mode, de la sculpture et de la performance. L’artiste réalise quotidiennement avec une grande patience des Sculptures à porter avec la technique artisanale du crochet. Cette pratique lente et manuelle offre à l’artiste une grande économie de moyens, un retour du geste du faire dans le processus de création ainsi que du corps dans le dispositif de monstration de la pièce. Ces volumes en laine, sortes de masques oblitérant autant le visage que la vision, transforment le corps en sculpture vivante. Là encore, l’artiste se joue des frontières entre art et design, arts plastiques et arts vivants, création de l’esprit et création artisanale. Tantôt sculptures sur un socle, accessoires d’une performance ou création de mode, ses sculptures changent de statut en fonction du contexte. 

Si l’artiste crée des formes qui peuvent sembler autonomes, elle induit toujours une mise en scène ou des modalités d’usage qui interrogent le statut de l’œuvre. 

En complément de cette pratique quotidienne du dessin et du crochet, Laurence Broydé produit de vastes installations se déployant dans l’espace à l’occasion des expositions auxquelles elle est invitée. À de multiples reprises, l’artiste a réalisé des dessins dans l’espace relevant à la fois du graphisme, de la scénographie et de l’installation. 

Ces interventions sont toujours le fruit d’une approche autant sensible qu’analytique des espaces dans leur singularité. Cette pratique de dessin mural est à la fois une appropriation de l’espace et un travail de déconstruction de la perspective. Jouant souvent avec des constituants simples comme la ligne, le noir et le blanc, ses dessins spatiaux opèrent des illusions de mouvement, des déformations optiques et des anamorphoses qui bouleversent la perception des lieux. 

Ce travail sur l’espace invite le public à s’immerger dans l’installation et à faire une expérience esthétique dans laquelle le corps dans son entier est sollicité. En effet, dans ces environnements plastiques, le corps du spectateur n’est plus « devant le tableau », mais devient un véritable acteur de l’œuvre. Ce type de productions, comme par exemple sa Zone d’exposition réalisée dans le cadre de l’exposition Igitur, met en évidence un questionnement fondamental sur la valeur d’exposition et sur la capacité de l’art à transformer littéralement notre expérience de l’espace. 

Ces dispositifs de déformation de l’espace physique s’incarnent d’une autre manière dans ce que l’artiste appelle les Open-spaces. Cette autre série de réalisations semble combiner l’œuvre autonome et l’espace réel dans lequel elle se donne à voir. Sculptures à mi-chemin entre le dessin, l’architecture et la peinture, les Open-spaces reprennent des éléments plastiques chers à l’artiste comme les dégradés de couleurs pour, comme leur nom l’indique, ouvrir l’espace à d’autres dimensions. L’artiste joue ici sur des effets de perspective et de planéité pour mieux déjouer les habitudes perceptives et ouvrir les potentialités de l’espace réel. Ces formes ont quelque chose à voir avec la physique quantique et les sciences de l’univers. Par les jeux de couleurs et les illusions de profondeurs qu’ils mettent en œuvre, les « Open-spaces » ont quelque chose d’énigmatique. Ils font apparaître une dimension spécifique et paradoxale de l’espace physique : un monde clos dans lequel semble se dessiner l’univers infini. C’est ainsi d’une manière personnelle et intuitive, et à l’aide de procédés purement plastiques que les œuvres de Laurence Broydé touchent ici la qualité d’un espace autre, une hétérotopie aurait pu dire Michel Foucault. Il y a également une forme d’utopie dans ses Open-spaces qui relèvent d’une esthétique quantique et de ce que je nommerais une phénoménologie du trou noir. 

Profondément nourri de graphisme aussi bien que de culture visuelle et populaire, le travail de Laurence Broydé se déploie dans toutes les dimensions de l’espace connu et inconnu.

Son parcours artistique décrit un mouvement du monde clos de la page vers l’univers infini de l’espace réel. Tout se déroule comme si l’artiste cherchait à s’évader de l’espace limité de la feuille de papier qui est pourtant la base de son travail. Son œuvre trace une ligne fuyante convergeant vers un seul et même point, à la manière d’une perspective classique dans un tableau de la Renaissance. Les espaces imaginaires que l’artiste crée dans ses dessins s’incarnent de plus en plus dans l’espace réel, déployant son vocabulaire plastique et symbolique dans les trois dimensions de l’espace. L’artiste ouvre un nouveau chapitre dans sa création en commençant à présenter dessins et sculptures au sein de ses installations. Par-delà la multitude des médiums et des supports, la démarche de Laurence Broydé explore ainsi le principe d’une combinatoire reliant la partie au tout et le tout à la partie. 


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16 rue Louis Lumière 44 000 Nantes
+33 614 450 705


◊ART    WORKS ◊

Wallpainting sur la médiathèque d'Aigrefeuille

Open Space - Dimension variable
Fireman
 

Sérigraphie 3 couleurs
◊ GRAPHIC   WORKS ◊

  

WEACT#10

NEWS

 

 

♦ DÉTOUR(S)♦

Exposition collective du 3 mars au 16 avril 2023
au Moulin Gautron 2 Place Saint-Martin
44 120 Vertou

avec Laurence Broydé, Cassandre Fournet, Laurence Landois, Fred Maillard et Marie Vandooren

Crédit image Laurence Broydé ©ADAGP

Crédit images, vues de l’exposition : Laurence Landois

 

♦ CLÔTURE DE RÉSIDENCE
Restitution et Ouverture d’atelier le 18 janvier à 19H à Axenéo7,  pour clôturer la résidence croisée de deux mois, avec Le Lieu Unique ( Nantes) et Axénéo7 Gatineau, Québec, en partenariat avec le Conseil des Arts et des Lettres du Québec. Merci au centre d’art Axenéo7 pour son accueil chaleureux

 

 

 

♦ EXPOSITION ESPACES D’ESPÈCES  


 

Laurence Broydé, There Is a Light That Never Goes Out

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Cynthia Gonzalez-Bréart
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About halfway into The Hearing Trumpet (1)—painter and novelist Leonora
Carrington’s tale about a 92-year-old ex-Surrealist and her adventures in a kind of cult-like retirement community—hard-of-hearing heroine Marian Leatherby notices the painted portrait of a winking Spanish-seeming nun, watching her. This mysterious gaze is enough to set Marian’s imagination off, inventing a name and origin, as well as developing friendly feelings towards
her—a “wonderful and terrible woman,” as she is described in a book given to Marian by another of the community’s colourful characters. The gaze is of equal importance in Laurence Broydé’s Espaces d’Espèces, Spaces of Species (2). Eyes are omnipresent; they are multiple, innate to the crocheted series, Sculptures
à Porter, Sculptures to Wear. We encounter Visio, Rainbow, Argos, Le Troisième OEil, Fireman, (all 2017) mythological beings in an environment which seems to recall a stage backdrop; they are in what appears to be their natural habitat, mirroring our gaze and calling attention to ourselves—watchers caught in the act. Along with the wearable works, perched upon their pedestals, totem-like; the viewer stands, awaiting the unspooling of some yet-unknown event. Broydé’s figures suggest immanence—a thread, continuously weaving itself unto itself, over and over again, like an errant thought. The many fibrous knots which form them, although varying in colour, coalesce to form volume, attachments which are flexible yet firm, creating varying shapes and movements. As their title indicates, these wearable forms carry the potential for interaction (this is the first time they have been exhibited on pedestals, having previously been worn in the context of performances). In this way, these wearable works form a heterogeneous presence, plural and unheimlich (3) in nature; yet they also speak of absence. There is also transcendence in the immersive wall painting (part of the Open Space series) which serves as a backdrop for the group. Here, the artist has expanded the volume of the exhibition space; alluding to other existences (Foucault’s heterotopia), other forces, other states of mind. In past iterations of Open Spaces, she has created virtual extensions through the use of airbrushed paint and vinyl tape, transforming transitory spaces like stairways and hallways into open-ended stories whose content is to be determined by the visitor. These works remind us that liminal spaces also count ; they are the setting and the backdrop for transitory interactions—an exchange of glances, a conversation, a Duchampian nude descending, or perhaps even a rap video, as was the case at 38 Breil in Nantes. In the work of Laurence Broydé, contrasting elements combine, sometimes harmonising, other times playing off one another. They vary from whimsical—a tongue emerging from a flower—to reflexive—a kind of screen replaces the sea. They juxtapose vibrant and energetic colour palettes with themes reaching back to Antiquity—ceremonial masks and ritual, the Here and the Beyond, the presence of spirits and otherworldly beings which attest to old, animistic conceptions of the universe. Other hints toward an uncertain future abound in Broydé’s world; traces of our consumerist past carelessly strewn across a sandy shore—plastic wrappers, disposable cups and chewed-up bubble gum haunt our planet’s future with the only guarantee being the promise of global warming. A shift in perspective, or repositioning is often involved when approaching these works. In Oratoire (2022), we enter into a circular, womb-like space in order to convene with another unworn—or Lagerform (4), to borrow a term from German artist Franz Erhardt Walther— Sculpture to Wear. Scala Vestibuli (2018) is a vertical, bas-relief ceramic sculpture crowned with a voluminous crimson and black medusa-like mass, last worn in a performance (5) in 2021. Another side-step or displacement occurs with the small, crocheted flowers, glass-blown bubble-gum bubbles and balloons. Once we have drawn closer to inspect the work, we discover that what was once fragile and transitory has been imbued with a slightly more resistant aura; a type of mask perhaps, like slipping on a new persona. One step back and suddenly we discover that what appeared at first to be a garden of crocheted flowers6 is actually a face looking back at us, teasingly. This slippage occurs at several points in the exhibition—masks become sculptures which resemble creatures, a painting which is a curtain becomes sculpture (7)— something we only discover once we realize that what had previously seemed like painted details on a backdrop are actually protuberances, leading to possible portals. Some of the tableaux evoke Richterean spaces; a candle a flame (8) which will never cease to illuminate dark spaces. And, on the other side of obscurity, there is—or will be at some future point—light. Like a photograph of some sublime or memorable moment, Broydé’s works take hold of what is transitory and prolong it; suggesting something close to what Carrington intimates when her protagonist observes the nun’s portrait and begins to dream up a life for her, effectively prolonging her existence. The corollary to this is that in the process of observing, we realise that we are never alone; we are also constantly under observation. By our individual counterparts, and society as a group, in the present-day and in the future. After all, our contemporary actions are history in-the-making. An entire spectrum of possibilities opens itself up to us; what we make of these potential Worlds is of course, up to us.

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1- Originally written in English and published in French in 1974, the book was written sometime in the 1940s.
2- A joint exhibition with artist Anna Pico, at Atelier Alain Lebras, Nantes, Dec. 3 – 29, 2022.
3- The notion of unheimlich was explored by Sigmund Freud (1856-1939) in the influential essay The Uncanny (1919) and references phenomena which are familiar and yet strange enough to elicit a strong psychological reaction in the subject. Automats, mannequins and Medusa’s head are among the examples given. 4 Lagerform was a term used by the artist to indicate a work which was otherwise used in a performance temporarily in a storage situation atop a plinth or pedestal. We can form connections with the works of German artist Franz Erhardt Walther (b. 1939) as well as with Brazilian artists Ligia Clark (1920-1988) and Helio Oiticica (1937-1980); all of whom incorporated the use of soft, wearable forms into their practices during the 1960s. Annette Messager (b. 1943) and Faith Wilding (b. 1943) also come to mind; both incorporated craft techniques
such as knitting and crocheting into fine arts practice in the 1970s.
5- Sculptures to Wear in Open Space (2021) at 38 Breil, by ECART Company.
6- Chemin de l’Amour
7- See Donald Judd’s (1928-1994) 1965 series Specific Objects which sought to avoid retreading the already heavily explored terrain of sculpture and painting by avoiding falling into either category.
8- The lit candle is a recurring theme in German painter Gerhardt Richter’s work (b. 1932). See Kerze (1982).

 

 

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